31/08/2013
Syrie etc : les "éléments de langage" de l'empire américain
« Degré élevé de certitude... », « rien qu'on ne sache déjà... »
Le vocabulaire impérial est symptomatique :
Les dernières déclarations américaines ne sont que des éléments de langage : le langage impérial. Selon Obama, les Etats-Unis vont lancer des missiles sur la Syrie parce qu'un rapport, émanant d'agences américaines (CIA-NSA), donne « un degré élevé de certitude » que les gaz ont été utilisés par le gouvernement syrien. La formule « degré élevé de certitude » est un non-sens. Une certitude existe ou n'existe pas ; si elle existe, c'est qu'elle est intégrale : sinon ce n'est pas une certitude. Dire que l'on a « un degré élevé de certitude », c'est – en toute logique – avouer que l'on n'a pas de certitude... « Degré élevé de certitude » fait partie de l'idiome technico-opérationnel qu'est la langue impériale, masquant son vide derrière un vocabulaire de pseudo-précision.
Pourquoi ce masque ? Prendre un faux-semblant pour base d'une attaque aérienne, c'est montrer que la décision était prise à l'avance : comme la décision d'envahir l'Irak était prise (la presse US l'a révélé) bien avant le 11 septembre 2001.
Ces décisions ne sont pas prises par des gens qui connaissent et qui réfléchissent : Obama lui-même semble aller vers cette guerre à reculons. Il sait que des tirs de missiles ne changeront rien et entraîneront un renforcement du soutien irano-russe à Assad ; mais il ajoute que le but n'est pas d'envahir la Syrie, ni de renverser Assad. Donc cette guerre imminente n'est pas le fruit d'une analyse, même erronée. Elle est le terme d'un engrenage. Tout se passe comme si la décision était le produit d'une machinerie.
John Kerry l'avoue inconsciemment lorsqu'il déclare : « nous n'attendons des inspecteurs de l'ONU rien que nous ne sachions déjà. » Ces inspecteurs de l'ONU ne sont pas des militaires ni des politiques : ce sont des scientifiques, envoyés en Syrie pour expertiser les traces chimiques ; il leur faut maintenant quinze jours d'analyses en laboratoire. Kerry veut-il vraiment dire que les conclusions de ces analyses lui sont connues d'avance ? Non, bien sûr. Que veut-il dire alors ? Rien... Il emploie des « éléments de langage », comme on dit dans l'empire. Un élément de langage n'est pas une idée ou une information : c'est un bruit proféré pour afficher une « posture ». Pendant ce temps les machines font le travail. Un travail non-humain, dont l'effet n'est pas de diminuer les dégâts humains mais de les multiplier... Si vous ne me croyez pas, regardez les chiffres de l'Irak en dix ans. [2]
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[1] attaque qui fera mécaniquement plus de victimes civiles que le gaz, compte tenu des munitions utilisées. Se souvenir des bombardements de Gaza.
[2] Si Sarkozy avait été président en 2003, la France aurait « évidemment » fait partie de la coalition « avec nos amis anglais et américains ». François Hollande est dans le même état d'esprit. Une partie des sondés-téléformatés français aussi, apparemment... (Le peuple anglais, lui, a compris).
10:21 Publié dans Idées, USA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : syrie, états-unis
Commentaires
LES MACHINES COMMANDENT
> La dégénérescence du langage en tant que véhicule de pensée : des échanges de signaux, comme entre animaux. Les signaux ne transmettent pas une pensée mais des réactions programmées.
L'empire américain est programmé par ses propres macbines. Voir Buffdale etc. La CIA ne cesse de se planter (ne comprenant rien au monde extérieur) mais Washington (Obama après Bush) ne cesse d'augmenter son budget (14,7 milliards de dollars en 2013) , et celui-ci passe à toujours renforcer les ordinateurs géants qui impulsent les "réactions" de l'administration impériale.
C'est Matrix, oui.
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Écrit par : Fabien Lemire / | 31/08/2013
> À rapprocher de l'usage prodigue qui est fait du terme "dangerosité", jusque dans le droit pénal !
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Écrit par : Albert Christophe / | 31/08/2013
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